AMPLI INTÉGRÉ

ACCUPHASE E-370

Le mieux est l’ennemi du bien.

Cette assertion se vérifie très souvent en haute-fidélité et il semble que les ingénieurs du site de Yokohama aient eu envie de le prouver avec ce E-370. Ce nouvel intégré regroupe quelques-unes des technologies Accuphase au sein d’une topologie simple et sans excès.

L’annonce d’une nouvelle électronique Accuphase est toujours un événement, même si la cadence de développement chez le fabricant est assez soutenue au vu de la quantité d’électroniques apparues au catalogue ces trois dernières années. Sur le papier, le E-370 est une entrée de gamme intercalée entre le premier prix E-260 et le E-470, plus puissant et dont l’étage de sortie passe en technologie Mos-Fet.

 

C'est dans les vieux pots...

Le schéma du E-370 adopte une topologie symétrique assez classique à quatre étages avec cependant quelques points particuliers. Le signal sélectionné en entrée par le biais de relais hermétiques passe dans un étage buffer MCS à cinq circuits à transistors bipolaires en parallèle. Histoire d’abaisser le seuil de bruit et la distorsion. Il passe ensuite dans le contrôle de volume AAVA qui gère l’amplitude du signal par variation de courant, donc du gain de l’étage. Un étage ligne suit, puis un étage driver avant le push-pull parallèle de transistors bipolaires 2SA1186 et 2SC2837. La bonne vieille technologie bipolaire est reine le long du schéma câblé avec un nombre de composants actifs relativement limité. Deux choix aux conséquences positives au niveau de l’écoute.

Tout ce beau monde loge dans un châssis irréprochable au standard Accuphase. La gamme et aussi le prix auquel est proposé le E-370 n’ont pas permis la mise en place de joues en bois vernis sur les flancs du boîtier habillé tout de même de plaques en métal laqué. En revanche, la touche Accuphase reste. La face avant est en aluminium de couleur champagne. La fenêtre centrale et ses deux vumètres à aiguilles surplombent le volet qui bascule par appui sur une microtouche. On accède alors à différentes commandes dont les contrôles de tonalité, la sélection d’une ou deux paires d’enceintes en sortie ou la mise en action du DAC ou du préphono, deux options qui se glissent dans les trappes prévues à l’arrière de l’appareil. Deux superbes molettes se répartissent la sélection des sources et le volume.

Sous le capot règne l’ordre et la symétrie. Deux dissipateurs supportant les transistors driver et de puissance, d’une part, et les étages audio hors AAVA, d’autre part, encadrent le transformateur capoté et les deux condensateurs de filtrage de 30 000 µF. La connectique toujours complète intègre quatre massives fiches haut-parleurs Accuphase. Un mot sur les options. Le DAC-40 dispose de trois entrées compatibles avec le format PCM, deux S/PDIF (coaxiale 24/192 et optique 24/96) et une USB-B (24/192). Il opère selon la technique MDS++ du fabricant qui utilise plusieurs convertisseurs Delta-Sigma en parallèle dont les signaux de sortie subissent un processus de conversion en phase et hors phase destiné à améliorer la stabilité du circuit et à diminuer le seuil de bruit. Quant à la carte AD-30, elle accepte les cellules MM et MC. Un jeu de DIP switches sert à ajuster l’impédance de charge et introduire un filtre subsonique.

Fabrication et écoute

Construction :La qualité de fabrication est en tout point remarquable. Un certain nombre de détails révèlent le souci permanent de cette marque de fournir le meilleur, par exemple la séparation physique des étages (alimentation et circuits AAVA notamment) par des tôles d’acier afin d’éviter toute interférence électromagnétique. Le standard de fabrication est aussi élevé que pour les modèles les plus prestigieux de la marque.

Composants :Il est rare dans cette gamme de prix qu’un appareil dispose d’un schéma aussi sophistiqué. Certains composants sont spécifiques au fabricant, comme les condensateurs d’alimentation, certains circuits tel le contrôle de volume AAVA sont même propriétaires. La possibilité d’adjoindre des cartes optionnelles DAC et phono, et l’amplificateur casque dédié font du E-370 un intégré universel.

Grave :À l’écoute en configuration pure symétrique, la structure du message, le corps et la rigueur de l’articulation sont absolument remarquables. Le grave pêchu et parfaitement tendu ne montre aucun signe de faiblesse à forte puissance. Avant cela, le registre ne manifeste aucune baisse de régime et développe des soubassements très solides (contrebasse sur « Company », CD Modern Cool par Patricia Barber).

Médium :La structure harmonique du message et la justesse de timbres sont incontestablement vraies, crédibles. Le sentiment de présence, de matière charnelle donne le frisson notamment sur les voix (Lisa Ekdhal interprétant « When do you leave heaven »). L’absence de luminosité artificielle et de fausse transparence de beaucoup de circuits concurrents à transistors fait une grosse différence à l’écoute.

Aigu :Le E-370 monte allègrement dans les hautes fréquences avec beaucoup de filé, de matière et d’extension (cuivres de batterie sur « Company » par Patricia Barber). Le fouillé de très belle densité et de très belle texture harmonique nous fait penser au rendu d’un excellent schéma en classe A. La nouvelle topologie « light » double push-pull en classe AB fait de véritables merveilles. L’aération du message et le timing des retombées sont à citer en exemple dans cette catégorie de prix.

Dynamique :L’énergie déployée par cette électronique donne l’impression de disposer de bien plus de puissance que celle spécifiée par le constructeur. Les percussions de toutes sortes de la piste « Company » (Modern Cool par Patricia Barber) provoquent des déflagrations assez incroyables dans les enceintes, le réalisme est énorme. La stabilité des circuits est épatante lorsque le message se complexifie, on ne constate aucun effet de compression de la modulation, les écarts dynamiques restent distincts et cohérents.

Attaque de note :Les différences sonores très subtiles entre les entrées RCA et XLR sont néanmoins audibles dès qu’on travaille en pur symétrique. La performance musicale revêt une dimension réaliste supplémentaire dès qu’on passe en XLR. L’impression de progresser en analyse (harmoniques plus nombreux) et en crédibilité est évidente grâce aux attaques plus franches, plus radicales de chaque note qui se développe avec un supplément substantiel de véracité.

Scène sonore :La perspective spatiale et le remarquable étagement de plans proposés par le E-370 donnent une réelle impression « d’y être ». La focalisation des sources est précise. La batterie et ses accessoires étaient quasiment à quelques mètres devant nous dans la pièce (piste « Company » de Patricia Barber).

Transparence :Le E-370 va très loin dans la neutralité de restitution. Nous n’avons vraiment rien trouvé à redire à ses prestations sonores, depuis la bande passante étendue jusqu’à l’équilibre tonal souverain. Aucun artifice sonore ne vient troubler le message de cet intégré qui pourra être sollicité jusque dans ses derniers retranchements.

Rapport qualité/prix :Le E-370 est une des électroniques les moins coûteuses du fabricant japonais. Ses prestations sonores n’en sont pas moins impressionnantes sur tous nos critères sans exception. Tel quel, à un peu plus de 6 000 euros, c’est une bombe. Ajoutez le DAC et le préphono et la bombe devient atomique dans la catégorie des intégrés autour de 8 000 euros. Et c’est un Accuphase, avec une fabrication exemplaire, les vumètres de rigueur et la face champagne…

Fiche Technique

Origine : Japon
Prix : 6290 euros
Dimensions : 465 x 171 x 422 mm
Poids : 22,7 kg
Réponse en fréquence :20 Hz - 20 kHz à + 0 / - 0,5 dB
Puissance nominale : 2 x 150 W sous 4 ohms, 2 x 100 W sous 8 ohms
Distorsion : < 0,05 %
Facteur d’amortissement : 400
Sensibilité d’entrée : 0,14 V (RCA, 20 K / XLR, 40 K)
Entrées : 5 RCA (ligne), 2 XLR (ligne), 1 RCA monitoring, 1 RCA (entrée ampli)
Sorties : 1 RCA (pré out), 1 RCA (enregistrement), 2 paires connecteurs HP Accuphase, 1 jack 6,35 mm (casque)

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